Adrien Melin est un jeune acteur que j’ai découvert dans Le Diable Rouge avec Claude Rich et Geneviève Casile, il jouait le jeune Louis XIV. J’étais plus jeune, lui aussi, et pourtant il me semble que j’avais déjà décelé en lui cette chose qu’on trouve chez les excellents acteurs, ce « petit truc en plus » …
Je l’ai après retrouvé dans Ce qui arrive et ce qu’on attend (JM Besset), puis Thomas Chagrin (Will Eno) et Masques et Nez, et enfin dans Il faut je ne veux pas (Besset) qui se joue en ce moment, à l’Oeuvre. Et chaque fois, j’avais l’impression de découvrir un nouveau comédien. Un nouvel excellent comédien.
Tout d’abord jouant un personnage anxieux, hésitant, quelque peu dérouté et dépassé dans la première oeuvre de Besset, on le retrouvait transformé dans le monologue de Will Eno : seul en scène, et malgré la qualité du texte, il parvenait à saisir tous les regards, à faire passer quelque chose par l’histoire de son personnage. Ainsi, je savais qu’il était aussi bon en seul en scène que parmi une troupe. Mais qu’en est-il de la suite ? Et bien c’est simple : dans Masques et Nez, on a du mal à le reconnaître : sa voix est changée, son masque lui cache la moitié du visage, et il le porte très bien, cela donne quelque chose de très naturel : malgré cette composition, il reste excellent. Ainsi, pour Adrien Melin, ni le seul en scène, ni le rôle principal d’une pièce de JM Besset, ni la composition ne semble faire obstacle à son talent. Enfin, on le retrouve aujourd’hui dans une nouvelle pièce de Besset, et il est absolument renversant : incarnant tout d’abord un personnage de Musset, il enchaîne par un nouveau personnage de Jean-Marie Besset, et à nouveau, il est transformé : ses manières, sa diction, tout est adapté selon le contexte. Merveilleux.
Ainsi, Adrien Melin est un comédien complet. Il fait partie de la promotion 2007 du Conservatoire.
Jouant aussi bien du comique que des pièces plus sombre, ou à caractère plus profond, il excelle dans tous les domaines. On attend avec impatience une tragédie, il serait à mon humble avis, un parfait Hippolyte, et un Titus plus qu’émouvant.
Acteur à suivre. Un Grand, il ira loin, très loin.