#OFF18 – Vertiges

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Critique de Vertiges, de Nasser Djemaï, vu le 17 juillet 2018 au Théâtre des Halles
Avec Fatima Aibout, Clémence Azincourt, Zakariya Gouram, Martine Harmel, Issam Rachyq-Ahrad, Lounès Tazaïrt, dans une mise en scène de Nasser Djemaï

Le OFF, c’est certes l’occasion de retrouver des têtes connues et suivies depuis plusieurs années, mais c’est aussi le plaisir de la découverte. Depuis quelques temps, j’entends de plus en plus parler du travail de Nasser Djemaï et j’étais donc ravie de découvrir son nom sur le programme du OFF. D’autant plus ravie que sa pièce est proposée au Théâtre des Halles, ce qui serait presque un gage de qualité. Gageons.

Plongée au coeur de la famille de Nadir. Nadir habite en centre-ville. Il est marié, il a deux enfants. Il dirige sa boîte. Il s’habille en costard-cravate. Mais Nadir est sur le point de divorcer. Apprenant que son père est malade, il décide de rentrer chez lui pour aider sa mère et ses frères et soeurs à s’occuper de lui. Mais chez lui, il est presque un étranger. Le quartier se referme sur lui-même, et même dans sa propre famille il ne se sent pas toujours à l’aise. Les habitudes divergent. Le monde change.

Nasser Djemaï est un témoin. Il n’accuse ni ne dénonce, mais il montre sans cliché cette histoire commune de l’ascenseur social. Nadir est passé à un autre niveau, dans une autre ère, un autre monde, et lorsqu’il redescend c’est comme s’il ne trouvait plus son oxygène. Il ne peut plus respirer chez ceux qui l’ont vu naître. Alors il tente de manière maladroite, parfois bourrue, mais pourtant emplie de tendresse, de faire rentrer toute la smala dans le petit ascenseur. Plus il les pousse en avant, plus ils résistent. Ce qu’il considère comme une évidence ne l’est pas pour tout le monde.

Les images, tant sonores que visuelles, sont très fortes – la scène finale provoque d’ailleurs un frisson général dans la salle. Ici Nasser Djemaï vient combler avec brio un texte parfois un peu verbeux, mais par ailleurs très bien construit : les alternances entre les scènes de groupes et les monologues rythment parfaitement la pièce et lui permettent d’aborder divers sujets sans les entasser. Ainsi, si la question de l’identité semble planer autour du spectacle, celle de la religion, de la transformation du monde, de la relation entre les hommes et les femmes font également partie de la réflexion.

Intelligent et beau. Je crois que tout est dit. ♥ ♥ ♥

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