Me voici de retour à Avignon pour le festival 2012. Cette année, je reste un jour de plus, et donc mon programme s’élargit un peu.
Quel plaisir de retrouver cette ambiance ! Les parades, sur la rue de la République, le soleil tapant dur lors des longues attentes devant les salles bondées, les affiches, placardées un peu partout dans la ville, les enchaînements de spectacle, parfois au détriment du déjeûner … Et le théâtre, toujours le théâtre.
Cette année, comme l’année dernière, c’est difficile de faire un choix parmi les nombreuses pièces de la programmation du Off .. Et petite nouveauté : ma première fois dans le In ! En effet, j’assisterai le 20 juillet, soit vendredi, à la première de La Mouette, de Tchekhov, au Palais des Papes … Grande impatience !
Mais ne tardons plus : je suis arrivée mardi, et j’ai déjà un spectacle à critiquer !
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Marsiho (Théâtre des Carmes)
« Même s’il lisait l’annuaire téléphonique, je serais venue voir Caubère », a dit quelqu’un de mon entourage. Pour moi, ceci n’a pas de sens. J’ai l’impression d’avoir vu un nom. Car le spectacle que nous présente Caubère n’est pas vraiment du théâtre. Il dit des passages de Marsiho, de Suarès … Donc il décrit la ville de Marseille. Et pour qui connaît mal cette ville, le spectacle devient vite inintéressant, malgré le personnage présent sur scène. 2h autour d’une même ville, avec un seul acteur, et un texte plutôt difficile … Apparemment, ce n’est pas pour moi. Et même si on m’avait dit « tu verras, il peut faire quelque chose de fou avec rien », je n’ai pas eu cette impression. Je me suis plutôt ennuyée, surtout que le spectacle dure 2 heures. Mais je pourrais dire « J’ai vu Caubère ». Il paraîtrait qu’il FAUT voir Caubère, donc ça semble plutôt une bonne occasion. En revanche, pour qui s’intéresse à la ville en question, le spectacle doit être splendide, car le texte reste très beau … presque poétique.
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Je ne sais quoi (Théâtre du Petit Chien)
J’adore la chanson, et tout particulièrement la chanson française ! C’est pour ça que dans le Off, je trouve souvent mon bonheur dans les spectacles musicaux. C’est également pour ça que j’avais vu Nos plus belles chansons. Mais bref. Petite salle, un piano, un décor un peu « oriental », rappelant, le tapis comme la robe de l’actrice, le bureau de Freud. Car c’est autour de la correspondance entre Yvette Guilbert et Freud que se dessine le spectacle … Correspondance qui me paraissait douteuse avant, et dont je suis parfaitement convaincue à présent ! Mais c’est avant tout les chansons qui m’ont marquée ! Je ne connaissais pas Yvette Guilbert et ai eu un grand plaisir à découvrir ses chansons à textes. L’actrice a une voix merveilleuse, proche de la cantatrice, et chante probablement mieux qu’Yvette Guilbert qui, paraît-il, « n’avait qu’une octave » (Philippe Meyer). Les chansons sont entraînantes et restent dans la tête longtemps après le spectacle (Les grosses dames, Madame Arthur, Laissez faire le temps …). Le pianiste est absolument excellent et chante aussi bien qu’il joue. A voir pour qui apprécie la chanson française !
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Colorature (Théâtre du Chien qui fume)
Tout comme l’an dernier, j’avais inclu dans mon programme personnel le spectacle dans lequel joue Grégori Baquet cette année. Immense famille de comédiens, c’est comme qui dirait une valeur sûre du Off. Et ce n’est pas peu dire ! Voici le genre de spectacle qui redonne confiance dans le Off ! Tout est tiré d’une histoire vraie : celle de Florence Foster Jenkins, femme milliardaire et convaincue de son talent vocal … pourtant inexistant. L’histoire de cette cantatrice un peu folle (ou simplement têtue), interprétée par Agnès Bove, nous est contée par Grégori Baquet, son accompagnateur. On passe un moment formidable, riant d’un bout à l’autre ! J’admire Agnès Bove, véritable cantatrice, qui réalise un véritable exploit en chantant, tout le long du spectacle, magnifiquement faux. Car chanter faux, lorsqu’il est naturel de chanter juste, est extrêmement difficile … Ce doit être une concentration de tous les instants pour ne pas dévier vers la note juste … A ses côtés, Grégori Baquet n’en reste pas moins excellent. Il nous accueille dans la salle en improvisant (ou non ?) sur son piano et en chantant … Puis accompagne merveilleusement la cantatrice au long de la pièce, ajoutant à son talent d’acteur et de chanteur, celui de pianiste ! Les « Bravo ! » ponctuent le spectacle. Inratable, courez-y
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Ubu Roi (Théâtre des Lucioles)
Après un changement de programme de dernière minute, et comme j’avais repéré à plusieurs reprises cette affiche, un peu spéciale, dans la ville, j’ai finalement assisté à la représentation d’Ubu Roi hier soir. Jamais vu, jamais lu, j’étais assez curieuse de découvrir le monde de Jarry. Ici, c’est un Ubu boucher au début de la pièce. Pas mauvaise idée. Et ils vont jusqu’au bout de cette folie : dans la scène du passage des nobles à la trappe, ces derniers sont représentés par des Knackis qui finissent déchiquetés, ou encore les paysans sont représentés coiffés de persil … Bref, ils osent tout, et cela s’applique parfaitement au texte. Malgré tout, la pièce et surtout son écriture ne m’ont pas convaincu ni franchement interessé … Mais Jarry, il faut connaître, et je peux à présent dire que ce n’est pas forcément ma tasse de thé …Intéressante mise en scène, conseillée pour qui aime ou souhaiterait découvrir Jarry.
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La Veuve (Théâtre du Roi René)
De comédie de Corneille, je ne connais que l‘Illusion Comique, et je n’en ai pas grand souvenir. Pour moi Corneille, c’est essentiellement de grandes tragédies. Il a le don du texte tragique. Et même dans La Veuve, on le reconnaît, ce texte tragique … qui, par je ne sais quel moyen, devient comique aux yeux du public. Mais voir des grands auteurs dans le Off, pour moi, c’est plutôt dangereux. Alors ici, quelle heureuse surprise ! Les alexandrins sont dits impeccablement, les acteurs sont excellents, la pièce est vraiment bien. Aucune longueur, aucune diérèse manquée, des rires, des bravos … Le fameux traître trahi de la pièce a un jeu comique à mourir, et celui qui croyait être son ami semble réellement heureux et amoureux … A voir absolument !
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L’Italienne (Théâtre de la Luna)
Si le résumé de l’intrigue nous annonçait l’histoire d’une italienne (répétition sans ton, au théâtre) où la femme faisait preuve d’un peu trop de charme, j’ai eu l’impression d’assister à une toute autre histoire, bien mieux ! En effet, ici, le spectacle qui nous est présenté est une alternance de scène « vie réelle » / « répétitions », et ce mélange est si bien ajusté qu’on hésite parfois sur la véracité de la scène auquel on assiste … est-on vraiment dans la réalité ou n’est-ce que factice ? Les acteurs servent au mieux cette pièce d’Eric Assous : ils sont deux, l’un incarnant l’auteur/metteur en scène/acteur de sa propre pièce, l’autre sa partenaire, choisie d’après photo. L’acteur incarne l’homme réfléchi, qui se questionne, qui cherche. L’actrice, poussant le cliché peut-être un peu trop loin, représente la femme un beu bebette, pas très dégourdie, maladroite mais attachante. Globalement satisfaite, la pièce est gentille dans son ensemble, parfois plus intéressante sur certains points. Pourquoi pas ?
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A l’année prochaine, et bonnes vacances à tous !