La Compagnie Hors du temps nous électrise

Critique de Heureux les orphelins, écrit par Sébastien Bizeau d’après Jean Giraudoux, vu le 18 juin au Théâtre des Déchargeurs
Avec Jean-Baptiste Germain, Matthieu Le Goaster, Paul Martin, Cindy Spath, Maou Tulissi, dans une mise en scène de Sébastien Bizeau

Je ne connaissais pas bien Jean Giraudoux mais les quelques rencontres avec l’auteur n’avaient jusqu’ici pas été réellement fructueuses. Mais en lisant le texte dans le cadre du Phénix Festival, je n’ai pas retrouvé le style verbeux qui m’avait plusieurs fois laissée de côté, et je me suis dit que cette adaptation serait peut-être le spectacle qui me fera changer d’avis.

Dans l’Electre de Giraudoux, on découvre une jeune femme qui cherche à assassiner sa mère Clytemnestre et son amant Égisthe pour venger la mort de son père, Agamemnon. Dans Heureux les Orphelins, on retrouve cette trame, sauf que Clytemnestre est plongée dans le coma et que ses enfants doivent décider de la suite à donner aux soins. Enfant dont l’un, par ailleurs, travaille dans le cabinet d’un ministre…

Il faut bien reconnaître que c’est d’abord étrange d’entendre Oreste qui parle de glyphosate et Argos devenu un restaurant. Mais l’adaptation de Sebastien Bizeau s’en tire haut la main et l’on oublie vite les idées habituellement associées à ces noms-là pour entrer dans cette nouvelle réalité qui nous est proposée.

Cette transposition quelque part entre la startup nation et le monde politique est maligne car elle permet de souligner tacitement l’importance des mots et du sens qu’on y met. La construction de la pièce vient renforcer encore cette impression et nous pousse toujours plus avant dans l’écoute fine et attentive de tout ce qui se dit… et tout ce qui ne se dit pas.

Théâtralement, ils ont tout compris. L’adaptation est très efficace, la langue est simple, l’action avance, le rythme est ultra resserré, les transitions entre les scènes fonctionnent à merveille, rien n’est laissé au hasard. On reconnaît parfois la langue de Giraudoux au milieu du texte adapté par Sébastien Bizeau, mais la pièce forme un tout vraiment équilibré.

Les deux seconds rôles, si on peut vraiment les appeler ainsi, ou disons plutôt les deux rôles caméléons, ceux qui incarnent différents personnages, ceux qui se transforment au gré des situations, sont absolument superbes. Jean-Baptiste Germain et Paul Martin sont deux contrepoints en opposition de phase, le premier projetant autour de lui une aura si particulière qu’il utilisera avec beaucoup d’intelligence sur chacun de ses personnages, qu’il soit ministre, Egyste ou prêtre, le second impulsant un dynamisme frais, étonnant, drôle, saisissant le mot au rebond et créant la surprise sur ses répliques. Matthieu Le Goaster se transforme tout au long du spectacle et troque avec subtilité ses mots creux pour des mots incarnés : d’une salle d’attente à l’autre, il n’est plus le même et affiche une sensibilité à fleur de mot. Cindy Spath compose une Clytemnestre tout en nuance, déclanchant chez le spectateur une palette de ressentis allant de l’empathie à l’aversion. C’est peut-être Maou Tulissi qui nous a laissé un peu sur notre faim, encore un peu écrasée par cette Electre qui manque de puissance.

Une troupe à suivre… et un travail à découvrir au Théâtre de l’Oriflamme à Avignon cet été ! ♥ ♥

Clouée au siège

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Critique de Clouée au sol, de Georges Brant, vu le 30 octobres 2018 aux Déchargeurs
Avec Pauline Bayle, dans une mise en scène de Gilles David

Je n’ai pas très bien commencé avec Pauline Bayle. Sa mise en scène de L’Iliade, que j’avais découverte à La Bastille la saison dernière, m’avait laissée de côté – tant et si bien que j’avais revendu ma place pour L’Odyssée, le lendemain. Il paraît que le deuxième volet était plus intéressant. J’ai peut-être manqué quelque chose. Mais je ne reste pas sur cet avis-là : après tout, si la metteuse en scène ne m’a pas convaincue, je ne sais encore rien de l’actrice. Devant les excellents retours de Clouée au sol, je décide donc de découvrir Pauline Bayle sous un autre jour.

Je n’avais pas lu le synopsis. Ou peut-être juste en diagonale. Je croyais donc que c’était la maladie qui avait cloué au sol cette militaire de l’armée de l’air employée par l’US Air Force. Mais pas du tout. Ce n’est pas non plus son mariage ni la maternité qui l’ont empêché de voler à nouveau dans Tiger, son fidèle engin. C’est simplement le progrès. Le progrès qui fait qu’aujourd’hui, on ne conduit plus des avions de chasse, on pilote des drones à distance. La voilà donc clouée au sol par le progrès.

Le problème, c’est qu’avec le progrès, on voit de mieux en mieux. Avant, on savait qu’il fallait larguer une bombe dans son avion militaire, on appuyait sur le bouton et, lorsqu’elle explosait, on était déjà loin. Ce n’est plus le cas avec les caméras ultra performantes des drones actuels. On voit qui on s’apprête à éliminer. Et on voit comment cela se déroule. On voit la chair humaine qui explose, on voit des membres éclater en l’air, on voit le rien laissé par le passage de la bombe. Alors viennent les questions sur les méchants de l’histoire, sur le sens de tout ça, et sur sa propre place.

Voilà ce qu’on appelle une montée en puissance. Pendant tout le spectacle, on ressent un certain malaise parce que la tension est là, latente. C’est presque trop lent parfois, on aimerait que ça explose car cela devient insoutenable. Gilles David a réussi à souligner cet effet en proposant une mise en scène totalement épurée donnant libre cours au texte, appuyée très légèrement par un fond sonore marquant l’accélération du rythme. Il aurait tout aussi bien pu plaquer un micro sur le pouls des spectateurs. La tension monte, monte, jusqu’à provoquer un éclatement digne d’un tir militaire. La métaphore semble filée tout du long.

Et il a bien trouvé son actrice. Pauline Bayle est impressionnante. Entre fragilité et puissance, son interprétation a quelque chose de bipolaire. On le voit, le robot prêt à tuer, qui ne cherche pas à se poser de questions car il l’a toujours fait ainsi, sans s’en poser. Mais la femme est là, la mère, l’épouse, celle qui cherche à protéger les siens autant qu’elle-même. Reste à savoir lequel de ces deux personnages est réellement le plus faible. Pauline Bayle ne donnera pas la réponse. Aux saluts, elle donne soudain l’impression de se réveiller d’un long cauchemar. Elle change totalement de visage. C’est étrange. Du côté spectateur, on sort également d’une longue apnée. Témoin le long silence qui accompagne le silence final.

L’impression d’être à la guerre. L’envie d’être loin, très loin d’ici. ♥ ♥

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Indécence

Providence

Critique de Providence, de Neil Labute, vu le 19 avril 2018 au Théâtre des Déchargeurs
Avec Xavier Gallais et Marie-Christine Letort, dans une mise en scène de Pierre Laville

C’est avant tout pour Xavier Gallais que j’ai retrouvé les Déchargeurs, ce soir-là. Le comédien, que je vais voir le plus souvent possible lorsqu’il se produit est Paris, est pour moi une valeur sûre. Même dans tes textes qui ne me paraissent pas fondamentaux, comme pouvaient l’être Des hommes en devenir la saison dernière à La Villette, ses personnages ont toujours une saveur particulière et laissent un bel écho intérieur qui dure longtemps. Dans Providence, et malgré une belle performance, la magie ne prendra pas.

A l’entrée en salle, pas de doute possible sur la situation initiale. On est à New-York, un certain 11 septembre 2001. L’atmosphère est poussiéreuse ; le tableau initial assez glaçant. Très vite, la situation s’installe : alors que Ben aurait dû aller travailler dans les tours ce matin, il a décidé de plutôt se rendre chez sa maîtresse – et accessoirement sa chef – et ainsi éviter la catastrophe. Porté disparu, une question se pose alors : va-t-il profiter de cette situation pour partir incognito et s’installer avec celle qu’il aime en cachette depuis 3 ans maintenant, ou va-t-il répondre aux appels désespérés de sa femme et rejoindre sa famille et ses enfants ?

On s’éloigne finalement très vite du sujet initial. Après avoir présenté le contexte de l’histoire, c’est le sexe qui prend le dessus : pendant une longue demi-heure, les deux amants choisissent de discuter de la qualité de leur vie sexuelle, sous tous les angles, et me perdent alors presque totalement. Lorsqu’elle déclare faire sa liste de course pendant l’amour, je ris intérieurement : c’est précisément ce que j’étais en train de faire. Le texte n’avance pas, et j’ai du mal à percevoir le réel impact du 11 septembre dans cette histoire. J’en viens à avoir de la peine pour l’enfant assise devant moi et dont les parents, gênés, doivent soudainement regretter la présence.

C’est finalement une histoire très indécente qui nous est présentée. Au vu de l’horreur que représentent les attentats du 11 septembre, j’ai du mal à concevoir qu’on puisse s’en servir comme prétexte à des dialogues pareils, tournant beaucoup trop autour d’histoires de fesses sans lien aucun avec l’événement initial. Il y aurait eu peut-être plus de profondeur du côté d’un débat sur les « héros » de cet attentat, mais on ne fait que tourner autour des « je ferai tout pour toi » et « est-ce que tu m’aimes ? » sans fin. Le temps a rarement passé aussi lentement que ce soir-là, aux Déchargeurs.

Je dois dire aussi que c’est lassant d’entendre une femme déclarer qu’elle se fait baiser et que parfois pour changer elle suce son partenaire… c’est un peu has been non, en plus d’être inutilement vulgaire ? On ne croit pas une seconde au désir qui devrait exister entre les deux amants, ce qui n’aide pas la mayonnaise. Quant à cette histoire sortie de nulle part dans laquelle elle parle d’un fantasme mettant en scène la femme de Ben la pénétrant armée d’un instrument à lanières qu’on trouve dans un sexshop… Que cherche Neil Labute ? Sûrement pas à nous intéresser. A nous choquer, peut-être ? Échec.

Pourtant, Xavier Gallais rester le grand acteur qu’on connaît. Tout au long du spectacle, il semble jouer sur une ambiguïté assez terrifiante, si bien qu’on se demande finalement s’il ne va pas tuer la femme qu’il aime. Ses yeux sont fous, il est agité, imprévisible, il manipule sa partenaire avec une violence soudainement réfrénée, il évolue en prenant peu à peu le dessus sur la relation alors même que la hiérarchie voudrait le contraire. Se réinventant sans cesse malgré un texte bien fade, il est ce qui a empêché mes yeux de se fermer. A ses côtés, Marie-Christine Letort n’est pas en reste, défendant du mieux que possible son personnage en essayant de lui donner plus de substance que la simple marionnette sexuelle à laquelle le texte la réduit.

Mais qu’allaient-ils faire dans cette galère. Les deux comédiens méritent bien mieux. pouce-en-bas

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Mon coeur a fait boum aux Déchargeurs

Critique d’Un obus dans le coeur, de Wajdi Mouawad, vu le 18 avril au théâtre des Déchargeurs
Avec Grégori Baquet, dans une mise en scène de Catherine Cohen

Cette fois-ci encore, comme beaucoup de mes sorties théâtrales, c’est le nom de l’acteur qui m’a attirée. Grégori Baquet, je le cerne bien maintenant, je l’ai suivi ces dernières années, son sourire triste et ses yeux d’une profonde gentillesse qui se marient si bien aux rôles que je lui connais : Julien dans Colombe, de Jean Anouilh, ou Mr Jenkins dans Colorature de Stephen Temperley. Mais un rôle pareil dans une pièce pareille, je ne l’aurais pas envisagé, et c’est avec curiosité, et appréhension, disons-le, que je me suis rendue aux Déchargeurs vendredi dernier.

Wahab, aujourd’hui, peut dire « avant ». Pour qu’il puisse dire « avant », il a fallu que quelque chose se passe, et avec nous il va chercher ce qui a pu déclencher cet « avant ». Son enfance, sa peur, le changement de sa mère, la guerre civile au Liban, l’attentat d’un bus auquel il a assisté, et la mort, tout se mélange et tout se distingue pour Wahab. Il ne confond rien mais il assimile. Et il nous raconte.

Dans la petite salle des Déchargeurs, avec deux chaises pour seul décor, Grégori Baquet prend le corps de Wahab et nous surprend. Il n’est plus le Grégori Baquet triste et mélancolique que l’on connaissait ; il incarne Wahab avec énergie et émotion, jusqu’à effrayer les spectateurs dans ses instants de folie. Le crane rasé, il remet souvent sa capuche comme pour se protéger de ce qui l’attend. Avec sa capuche, il est Le Wahab du présent, celui qui vit au Canada et qui se dirige vers l’hôpital pour voir sa mère. Sans sa capuche, il est l’ancien Wahab, il est au Liban et il est dans son souvenir. Son regard effrayé ou inquiet se tourne parfois dans notre direction, alors il tourne la tête et continue son histoire. Le comédien voulait nous prouver qu’il pouvait tout jouer : le pari est réussi ; cette part d’émotion et cette faculté à raconter son histoire, seul en scène, il l’a. 

La langue de Wajdi Mouawad frappe en plein coeur : avec un fil directeur bien dessiné, il parvient à nous raconter beaucoup de choses, tout en laissant la part à l’imagination : tout n’est pas rationnel, tout n’est pas expliqué, et la part d’interprétation personnelle est là. Grégori Baquet donne un corps à l’âme complexe, torturée et perdue, qu’est l’âme de Wahab. Derrière ce personnage, on sent l’émotion et le vécu du narrateur, qui parle ici beaucoup de son histoire personnelle. La peur, la mort, la guerre, il connaît, et les mots le soulignent à merveille. Grégori Baquet, habité par le personnage, est magistral.

Et il ne fait pas le combat seul. La mise en scène qui accompagne le comédien est sans faille : les lumières suspendent le temps et permettent la distinction les différents instants de sa vie. Tout particulièrement, lorsque le comédien décrit l’attentat du bus auquel il a assisté, et que les flammes semblent l’approcher du fond de la scène, l’ambiance inquiétante est retransmise avec brio, et la scène n’en est que plus réussie. L’utilisation des deux chaises enfin, dont je laisse la surprise, contribue encore à l’intelligence de cette mise en scène. Catherine Cohen, qu’on ne connaissait pas, a plus d’une corde à son arc. 

C’est un spectacle entier, une réussite totale, un monde racontée, une histoire soufflée, un Grégori Baquet transformé, qu’on espère retrouver bientôt au Festival Off. ♥ ♥ ♥

Thomas Chagrin, Déchargeurs

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Critique de Thomas Chagrin de Will Eno, vu le 17 août au théâtre des Déchargeurs
Avec Adrien Melin, mise en scène Gilbert Désveaux 

Voilà encore une pièce que je ne serais pas allée voir si je ne suivais pas le parcours de  l’excellent acteur qu’est Adrien Melin … Découvert dans Le Diable Rouge, je l’ai revu par hasard dans Ce qui arrive et ce qu’on attend, puis dans Masques et Nez. Il a vraiment énormément de talent, et nous le prouve ici, une fois de plus.

Un homme entre. Costume qui semble trop grand, un peu froissé … sans pour autant faire clochard, … disons qu’il ne semble pas faire attention à son allure … Il essaie d’allumer une cigarette, mais souffle sur son allumette. Il retente. Puis explique que, de toute façon, il devait arrêter. Et là, il commence son histoire … Une histoire ? Mais … y en a-t-il vraiment une ? Le texte paraît brouillon, confus, comme si le narrateur se perdait dans le fil de ses idées … C’est un homme, ce Thomas Chagrin … qui se pose beaucoup de question sur la vie, la mort, l’amour … Il a déjà vécu, se souvient de la difficulté à sortir de l’enfance … se souvient de ce chien, qu’il a perdu étant enfant … puis de cette femme, perdue, étant adulte … et s’adresse à nous, au public … C’est plus un dialogue entre lui et nous, dans la mesure où à plusieurs reprises il nous pose des questions, qu’un monologue. J’ai d’ailleurs eu droit, comme à tous ceux du premier rang, à des questions, de sa part … et c’est là qu’on s’aperçoit que le rythme est excellent … car, lorsqu’il vous pose une question, en vous regardant droit dans les yeux, vous ne savez pas si vous devez lui répondre … vous réfléchissez … et quand vous avez résolu de répondre (ou non) à haute et intelligible voix, il reprend tout naturellement la parole, comme si quelqu’un lui avait répondu… le rythme vous laisse donc juste assez de temps pour réfléchir, mais pas non plus assez pour répondre … cela permet, ainsi, au personnage d’enchaîner sur autre chose … Compliqué à expliquer, mais j’espère l’avoir à peu près bien transmis…

Ainsi, malgré un texte … comment dire ? un peu cafouilleux, sans être non plus inintéressant, Adrien Melin parvient à saisir le spectateur pendant plus d’une heure, grâce à son incroyable talent (il est sorti du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique en 2007, et je ne serais pas étonnée s’il était dans les meilleurs de sa promotion), diction parfaite, gestuelle et déplacement excellents, et une réelle présence … il est seul, d’accord, et réussi (donc ?) aisément à attirer le regard sur lui … mais le regard s’accroche, et on ne parvient plus à le quitter des yeux, même lorsqu’il nous raconte des histoires, on a du mal à s’intéresser aux playmobils qu’il sort de sa boîte … mais on se surprend tout de même à entrer dans son histoire, quelque peu étrange, qui ne ressemble à rien de ce qu’on connaît, et qui semble « sortie de nulle part »  .

Sans pour autant avoir jubilé devant cette histoire, j’ai surtout énormément apprécié le jeu d’un acteur qui fait sûrement partie des Grands … Je ne sais donc pas si je dois le conseiller .. on ne s’ennuie pas, ça, c’est sûr – mais ce n’est pas une histoire qu’on retient … plutôt un acteur qu’on admire durant un peu plus d’une heure ! Et pour cette simple raison, je vous conseille d’y aller. 

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Permettez-moi, Déchargeurs

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Critique de Permettez-moi, de Pierre-Yves Plat, vu au théâtre des Déchargeurs le 21 février 2011

Tout d’abord, il faut préciser ce que fait Pierre-Yes Plat : c’est un pianiste d’une trentaine d’années, qui s’amuse à rejouer des « morceaux de légende », tels que la Fantaisie Impromptue de Chopin, ou encore La Pathétique, de Beethoven, à sa manière ; c’est-à-dire sous une forme un peu « jazzy », qui ressemble presque à de l’impro. En fait, le résultat est tout simplement extraordinaire, surtout pour les pianistes et fans de Chopin (comme moi !).

On arrive donc, dans une salle assez petite, placement libre ; premier rang. Assez inconfortable, mais bref, passons. L’artiste se fait attendre et, tout d’un coup, les lumières s’éteignent et le rideau se lève ; Pierre-Yves Plat entre, en costume « queue de pie » (costume dont il se défera au fil du spectacle) et commence à jouer. Tout son spectacle est un grand sketch ; il est presque, à vrai dire, un clown musical, de par ses pitreries (lorsqu’il joue avec les pieds, par exemple), ou ses inventions, telles que le « piano-à-écrire ».

Enfin, j’ai regretté deux choses ; la qualité du piano, tout d’abord : il joue sur un vieux Yamaha droit, dont le son n’est pas faiblard, mais disons un peu vieilli par le temps. La deuxième chose, c’est sa réaction face aux applaudissements : il ne dit rien, et ne fait rien ; on ne sait pas si on doit s’arrêter, si il compte faire un bis, s’il  est heureux ou non ; on suppose qu’il tient à garder de côté « film muet » qu’il se donne durant la pièce, accentué par l’écran géant derrière le piano, qui accompagne notre pianiste durant tout le spectacle (on le voit, d’ailleurs, lorsqu’il joue, vérifier qu’il est en même temps que la vidéo, et s’ajuster s’il le faut), et dont les images rappellent un peu Charlie Chaplin.

C’est donc un très bon souvenir, et un très bon spectacle, à ne pas rater !

Concernant le placement et bien … là où vous pourrez !

Le site de Pierre-Yves Plat