Critique du Huron, de Grétry et Marmontel d’après Voltaire, vu au théâtre Adyar le 2 novembre 2011
Avec Carl Ghazarossian, Sandra Collet, Anthony Lo Papa, Séverine Etienne, Jean-François Kopf, Clément Dionet et Olivier Fichet, mise en scène de Henri Dalem
Je vais commencer par une note très positive : la salle. Je ne connaissais pas la salle Adyar, et c’était une agréable surprise ; c’est vrai que lorsqu’on est mal installé, le spectacle peut perdre un peu de son charme (mais pas toujours ; ce n’est pas non plus le plus important). Ici, les fauteuils sont, je pense, les plus confortables que je connaisse …
Mais ce n’est pas le principal. On assiste ici à un opéra-comique, à partir de l’histoire de l’Ingénu, de Voltaire. Les acteurs sont très bons, autant en tant que comédien que chanteur … Celle qui joue Mlle de Saint-Yves, notamment, a une voix absolument sublime. C’est vraiment agréable d’entendre des voix douces et contrôlées ainsi, et surtout du soprano. Bref, pour l’instant, tout va bien.
La mise en scène est peut-être un peu trop simpliste à mon goût. Les acteurs entrent et sortent, et s’agitent un peu entre temps. Mais ils ont cru bon de donner à Mme Kerkabon un aspect un peu « alcoolique – femme séductrice » qui ne lui est pas du tout essentiel ; et qui même ne correspond pas du tout à sa personnalité, il me semble.
Mais ce qui m’a surtout gâché la représentation, c’est l’histoire. Je m’attendais à retrouver un conte que je connaissais bien. L’histoire du Huron, dit l’Ingénu, qui arrive en Bretagne par un bateau anglais, et en qui les Kerkabon reconnaissent un neveu perdu. L’Ingénu exprime alors son désir d’épouser celle qui est devenue sa marraine, la belle Saint-Yves. Mais il devra affronter bien des choses avant de pouvoir mener à bien ce qu’il veut.
Il faut savoir qu’une adaptation, ça peut être délicat. Pourtant, on en connaît de très bonnes : par exemple, pour L’Ingénu, roman dont est tirée la pièce, j’ai vu une excellente adaptation, de Jean Cosmos, il y a quelques années. L’histoire, les lieux, les personnages, tout était respecté. Ici, ce n’était pas le cas. N’oublions pas toutefois que Voltaire a autorisé Marmontel à faire de son conte un opéra-comique. Celui-ci a coupé largement l’histoire : elle est normalement partagée en deux parties, dont l’une est gaie et la seconde plus triste, et qui chez Voltaire se finit mal. Ici, tout est bien qui finit bien, ce qui enlève du charme à l’histoire (je trouve que passer du rire au larme peut être une bonne chose …). De plus, le metteur en scène a situé l’histoire en mai 68, ce qui est absolument … abérrant ! Où est l’utilité ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Pas de réponse. Dommage.
C’est donc une pièce que je conseillerais car je pense que, si on ne s’attend pas à quelque chose de respectueux de l’histoire, ça peut beaucoup plaire. Mais les représentations étant finies, vous n’en aurez probablement pas confirmation …