Critique de Lettre à un soldat d’Allah, de Karim Akouche, vu le 18 juillet 2018 au Théâtre des Halles
Avec Raouf Raïs, dans une mise en scène de Alain Timár
Impossible, dans ce OFF, de passer à côté de la menace terroriste qui existe aujourd’hui en France. Le jihadisme, la radicalisation, la religion, l’immigration, l’identité, sont autant de sujets placardés dans les rues d’Avignon. Des sujets que j’associe surtout au 11-Gilgamesh ou à la Manufacture, où se produisent beaucoup de spectacles qui interrogent le monde d’aujourd’hui. Mais ils envahissent aussi peu à peu d’autres théâtres, et, convaincue par Vertiges que je découvre aux Halles, je décide de me lancer dans cette Lettre à un soldat d’Allah.
Il ne sert à rien que je m’appesantisse sur ce papier. Je ne suis pas entrée dans ce spectacle. J’ai trouvé le propos trop simple : il ne suffit pas de dire aux femmes d’enlever les burkas et de mettre des jupes pour régler le problème vestimentaire lié à la religion. S’il s’était agi de montrer, encore, je ne dis pas, mais le texte semble même proposer des solutions naïves aux problèmes soulevés.
Je ne comprends pas l’intérêt de monter un tel spectacle dans le OFF. J’entends bien que le geste prend une toute autre ampleur lorsque le texte est joué en Algérie. Mais à Avignon, devant un public évidemment d’accord avec le propos, où est le geste artistique, politique ? De plus, bien que Raouf Raïs se donne corps et âme pour défendre son texte, j’ai trouvé que la scénographie appuyait encore le côté simpliste du propos : couvrir une page du mot liberté a-t-il vraiment une portée symbolique forte ? J’en doute.
Déçue.