Critique de Miss Knife chante Olivier Py, d’Olivier Py, vu le 27 octobre 2012 au théâtre de l’Athénée
Avec Olivier Py, et, au piano, Stéphane Leach, à la batterie Julien Jolly, au saxo et à la flûte Olivier Bernard,et à la contrebasse Sébastien Maire
Miss Knife est le personne qu’a créé Olivier Py il y a 25 ans. Personnage qui l’accompagne depuis un certain temps donc, personnage qui a probablement évolué et qui fait partie de lui. C’est une femme, cette Knife, une chanteuse de cabaret. Elle lui est si intimement liée qu’on devine que les chansons qu’elle chante si bien sont les siennes autant que celles d’Olivier Py. Oui, je différencie les deux personnages, même si je sais qu’ils ne font qu’un seul corps. Je pense que Py en fait autant. Du moins, c’est possible. Il dit que Knife est une « créature » plus qu’une femme. Qu’elle soit l’un ou l’autre, ce que j’en dis, moi, c’est qu’elle est grandiose, autant que son parolier.
Au moment où j’écris ces mots, j’écoute le CD acheté à la sortie du spectacle. J’écoute une voix maîtrisée et juste, une voix travaillée mais qui malgré tout, cela s’entend de temps à autres, manque un peu de technique. Py n’a pas une formation de chanteur. Qu’importe ? Il joue son rôle jusqu’au bout, il se déchaîne, il y met de la passion et le résultat est formidable.
Ses chansons, autour des thèmes de la mort, de l’amour perdu, du temps qui passe, ne sont pas franchement gaies. Le spectacle en général tourne autour de la vie d’Olivier Py, grand dépressif d’après ce que j’ai pu percevoir. Les paroles sont magnifiques, certains touchant plus que d’autres … Je retiens particulièrement Le rôle est trop court, qui commence ainsi : « Un jeune premier déjà rance, chante sur un air de tango, la mort de ses belles espérances, à jamais dans le marigot, et sous le fard qui dégouline, il se souvient de ses amours, il pleure sur sa mandoline et dit que le rôle est trop court … » Excellent parolier. Entre deux chansons, Knife s’adresse à son public … Ces intermèdes sont excellents. Py nous y dévoile son talent de comédien, son naturel sur scène, son entente avec le public. Est-ce lui ou Knife qui s’adresse au public ? Plutôt lui je pense, puisqu’il cherche du regard d’autres dépressifs dans la salle. Elle, elle boit beaucoup, et elle chante. Lui, il parle. Miss Knife, c’est une nature. Et sa plus grande force, je pense, c’est sa folie, son extravagance, le fait qu’elle se lâche sur scène : c’est grâce à cela qu’on peut y croire, que j’admire Py et que ce spectacle est grandiose. Parce que le voir se déhancher sur scène, se moquer parfois de lui-même, jouer avec son public, prendre son pied dans ses chansons, tout donner, et par-dessus tout entendre ses chansons et recevoir le message qu’il nous envoie, tout cela est synonyme d’un spectacle réussi.
Py est également entouré d’excellents musiciens. Connaissant moi-même la musique, je peux un peu critiquer dans ce domaine là … Principalement le pianiste, puisque c’est mon instrument aussi. Lorsque Py présente ses musiciens, chacun a droit a un petit moment de gloire, un petit solo. Celui du pianiste est mémorable, de tant de musicalité, de technique, de facilité dans une partition si difficile … j’ai hurlé « Bravo ! ». C’est également lui qui signe la musique du spectacle. Mais les autres musiciens sont bien sûr tout aussi bons.
Je ne faisais pas partie du « public acquis » de Py, je ne l’avais jamais vu. J’avais entendu parler de son côté un peu extravagant, de ses mises en scène particulière, que je ne peux juger puisque je n’en ai vu aucune. J’étais intriguée. Et j’ai trouvé ce spectacle excellent. Ce qui m’a par-dessus tout plu, je pense, c’est le culot de Py. Pour moi, un spectacle pareil, autour de thèmes aussi glauques, autour de la chanson mais sans véritable chanteur, avec un homme travesti sur scène, c’est un pari. Un challenge. Relevé sans problème.
Bravo. Monsieur Py, je m’incline. ♥ ♥ ♥