Critique de la Classe de Daniel Mesguich, vue le 23 juin 2011 au Théâtre du Conservatoire National d’Art Dramatique
Les Journées du Conservatoire sont des journées qui consistent, on peut le deviner aisément, à présenter le travail des élèves de plusieurs classes, où les professionnels peuvent dénicher la perle rare (car nous savons que « Aux âmes bien nées / La valeur n’attend point le nombre des années »), et où, plus simplement, les amateurs peuvent envier les jeunes gens présents sur scène. Car apparemment, ils prennent plaisir à jouer, et cela se sent ; ils semblent donner le meilleur d’eux-mêmes et rien que cela les fait briller.
J’ai assisté, en ce jeudi 23 juin 2011, au spectacle de la classe de Daniel Mesguich, donc on pouvait entendre la voix entre chaque petite scène : car oui, le choix ici était plusieurs extraits de pièces très différentes, allant de Molière à Durang en passant par Tchekhov, Feydeau, et Saint-Exupéry, sans oublier Beckett ou Strindberg (et j’en passe …). C’est un choix plutôt assez judicieux, car je pense que cela permet à chacun d’avoir un « rôle-vedette » (même si certains brillaient dans tous), plutôt que de privilégier un ou deux acteurs sur une pièce unique. Mais j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ce que j’ai vu … je sous-estimais leurs capacités ! Car oui, beaucoup d’entre eux m’ont étonnée : je pense particulièrement à Moustafa Benaïbout, qui excellait en Peer Gynt (Henrik Ibsen) : sa gestuelle et son ton de voix (transformée) étaient parfaits, et on descelle en lui un véritable talent comique … qui ressurgit lors d’un autre extrait : La Tour de la Défense de Copi. Mais il semble également à son aise dans quelque chose de, peut-être, plus sérieux, tel que Stella, de Johann Wolfgang von Goethe, où il incarne Fernando, jeune homme qui doit annoncer à sa belle … qu’il la quitte. Bref, voici un jeune talent à ne pas perdre de vue ! Toujours dans les acteurs, j’ai beaucoup beaucoup beaucoup aimé Ulysse Barbry, qui avait composé lui même un petit sketch, Ulysse chez les Ham-Ham, où il était presque seul en scène, et qui était en fait un mélange de « classiques » : Baker, Shakespeare, Prévert, Müller. Il était également très bon en Petit Prince, car ce côté « garçon naïf, étonné de tout, mais courageux » lui allait comme un gant. Enfin, n’oublions pas Loïc Renard, qui, dans un style un peu « enfantin », nous surprenait à chacune de ses apparitions. En effet, voilà quelqu’un qui s’adapte parfaitement au genre de la pièce : il apparaissait dansLe Jeu de l’Amour et du Hasard (Marivaux), Platonov (Tchekhov), La Tour de la Défense (Copi), Pâques(Strindberg), et Noémie sur le Sofa (Durang)
Quant aux actrices, et bien j’en ai retenu deux ou trois … Tout d’abord, Juliette Séjourné, qui, elle aussi, est peut-être une future Grande : nous l’avons vu dans Un Tramway nommé Désir (Williams), Le Jeu de l’Amour et du Hasard (Marivaux), Oncle Vania (Tchekhov) ; et, pareil aux autres acteurs, elle se semblait toujours faite pour le genre de la pièce dans laquelle elle jouait… alors que, entre nous, Tchekhov et Marivaux, ce n’est pas vraiment la même chose … Notons aussi Olivia Palacci, élève étrangère, qui, malheureusement, n’apparaissait qu’une seule fois … mais quelle fois ! Elle jouait Noémie dans Noémie sur le Sofa (Durang) : un rôle absolument terrifiant (mais comique). Elle faisait des merveilles ! Toute la salle riait, car elle était absolument Gé-niale ! Cette actrice possède, elle aussi, un véritable talent comique.
Enfin, j’ai vraiment trouvé que tous étaient très bons : certains se détachaient peut-être, mais les autres n’étaient vraiment « pas très loin derrière » … On leur souhaite une très bonne continuation, en espérant en voir certains sur les planches dans quelques années !