Tartuffe, Théâtre de Paris

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Critique de Tartuffe de Molière, vu le mercredi 12 septembre 2012 au Théâtre de Paris
Avec Claude Brasseur, Patrick Chesnais, Chantal Neuwirth, Beata Nilska, Emilie Chesnais, Julien Rochefort, Arnaud Denis, Marcel Philippot, Guillaume Bienvenu, Roman Jean-Elie, Alice De La Baume, et Jacqueline Danno, dans une mise en scène de Marion Bierry

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! ». Réplique culte, n’est-ce pas ? Tout le monde la relie immédiatement au si célèbre Tartuffe de Molière, considéré comme l’une de ses plus grandes oeuvres, et relatant l’histoire sombre d’une famille presque soumise à cet homme, ce fameux Tartuffe, qui a réussi à aveugler Orgon, le père de famille. Il a fait du faux dévôt son petit protégé, et depuis qu’il vit auprès de lui, il affirme qu’il verrait mourir « frère, enfant, mère, et femme » sans que cela l’atteigne.

J’étais un peu appréhensive en raison du choix qu’avait fait Marion Bierry, metteur en scène, de faire porter à Patrick Chesnais et Claude Brasseur les lourdes responsabilités qu’accompagnent les rôles principaux. Mes craintes portaient principalement sur la portée de leur voix, la précision de leur geste … enfin en gros, la qualité de leur jeu. Je sais, partir avec un a priori au théâtre n’est pas une bonne chose, je suis la première à le dire. Néanmoins, lorsque notre a priori se révèle faux, quel heureuse surprise c’est ! Brasseur est un formidable Orgon : sa naïveté, sa foi envers Tartuffe, mais son profond bon fond malgré tout sont parfaitement retransmis sur scène. Il est émouvant lorsqu’il s’adresse à sa fille ou encore lorsqu’il serre son fils dans ses bras après l’avoir chassé de la maison. Il a de plus une véritable présence. Enfin, ses « le pauvre homme ! » sont les plus vrais, les plus beaux, les plus sincères que j’ai pu entendre : leur résonnance est parfaite. En bref, il m’a totalement convaincue. Mais j’étais au 4e rang, et n’ai pas pu vérifier si sa voix portait clairement jusqu’au fond de la salle. En ce qui concerne Chesnais … C’est un très bon Tartuffe, c’est un indéniable, même si parfois un peu trop impassible à mon goût, mais il semblait tirer la couverture à lui, avec certains mouvements, certaines mimiques … Il semblait essayer de créer quelque chose de nouveau dans son personnage, mais ça ne semblait pas fonctionner, alors que Brasseur était un Orgon « habituel », sans trop de recherche, mais vraiment excellent. Parfois, il ne faut pas trop réfléchir.

Mais, s’ils sont les deux « têtes d’affiches », des noms accrocheurs pour certains spectateurs, il n’en reste pas moins que le reste de la troupe, ou du moins la plupart, est excellent lui aussi. Tout d’abord, quel « Bravo ! » j’ai crié lorsque Chantal Neuwirth est venue saluer le public : quelle Dorine parfaite ! C’est exactement ainsi que le personnage a été pensé, elle est absolument … je manque de superlatifs, et j’aurais peur de me répéter. Le fait est que son personnage est si drôle et pourtant si simple, qu’elle possède un sens du rythme remarquable, que ses répliques tombent toujours à point, que ses mimiques provoquent le rire … De même, Julien Rochefort, incarnant le frère d’Elmire, semblant toujours pressé, stressé, impatient, est excellent ! Comme quoi, certains « fils de » n’ont pas que le nom … Mais on ne peut pas dire cela pour tous : en effet, Emilie Chesnais, qui incarne la fille d’Orgon, n’est pas à la hauteur du reste de la troupe. Voix trop haute, mimiques ridicules, jeu moyen … Pourquoi l’a-t-on choisie pour incarner ce rôle ? Il devient fade et inintéressant. Bien dommage. En revanche, c’est avec plaisir qu’on retrouvait Arnaud Denis en Damis : énergique à souhait, il endossait à merveille le rôle du fils au fort tempérament. Mais il sait également jouer avec ses humeurs, et calme et émotion étaient au rendez-vous lors de la « retrouvaille » avec son père. 

C’était donc globalement un bon Tartuffe. Mais puisqu’il faut critiquer, critiquons : la pièce était traitée de manière un peu légère … On en venait presque à oublier le sujet sombre qui est la base de la pièce. On en venait presque à oublier l’horrible homme qu’est Tartuffe. On rit trop. Mais c’est un parti pris, et c’est ainsi que Marion Bierry doit voir la pièce : une pure comédie. Pourquoi pas ?

On passe un très bon moment, ponctué de rires nombreux. ♥ ♥ 

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